Que l’histoire commence. Que la réalité et la fiction se rejoignent. Paris 1871. Un Paris qui lèche encore les plaies de sa Commune éloignée à jamais, un Paris qui s’effondre comme les ruines de ses immeubles incendiés à la rue Royale. Un pari perdu. Dans le sombre labyrinthe de ses ruelles et le sourire en coin de ses pavés édentés, un certain Auguste Bretagne loue un appartement dans lequel l'ancien locataire a laissé des objets mystérieux et personnels. Cet ancien locataire de la rue du Faubourg-Montmartre, était nul autre que Monsieur Isidore Ducasse, alias Comte de Lautréamont, auteur des délirantes et sombres "Chants de Maldoror".
L’insaisissable fantôme de Ducasse plane sur les pages de cette fascinante bande dessinée en compagnie de Rimbaud, Verlaine, Baudelaire, les frères Cros ainsi que d'autres sacrés personnages du cycle des poètes maudits. Entre rêve et hallucination, enquête policière et farce mystique, Edith (dessin) et Corsal (scénario) nous plongent dans un récit dense, plein de surprises. Sinistres colis et étranges inventions, un piano qui parle, une écriture révélée par le feu..., en tournant les pages de cette bande dessinée, on a envie de relire cet œuvre exaltant et sulfureux qui fut "Les Chants de Maldoror". Le premier Chant a été publié à compte d'auteur en 1868, et l'œuvre complète a été imprimée en Belgique un an plus tard, pour le compte d'un editeur qui a refusé de mettre l'ouvrage en vente, par crainte de poursuites judiciaires. Le livre n'a rien perdu aujourd'hui de sa force et de sa conviction provocatrice.
Dans le "Chants de Maldoror", le Comte de Lautréamont dit à un certain moment:
"Je soulevai avec lenteur mes yeux spleenétiques, cernés d'un grand cercle bleuâtre, vers la concavité du firmament et j'osai pénétrer, moi, si jeune, les mystères du ciel..."
Quelles paroles prophétiques... D'après tout, Isidore Ducasse est mort le 24 novembre 1870, à 24 ans. Son corps fut jeté dans la fosse commune du cimetière de Montmartre mais sa légende et son âme restent vivantes et éternelles à travers ses écrits et des ouvrages comme celui-ci.
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Charles Trénet - L’âme des poètes
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